Viens, je t’emmène dans la forêt…

Toi qui me lis, peut-être es-tu heureux ? Satisfait ? Ou peut-être es-tu brisé ? Perdu dans cet indicible brouillard qui t’éloigne des bonheurs passés…
Peut-être qu’une part de toi ne sait plus comment retrouver le chemin des sourires et de la joie partagée…

Alors, je voudrais t’emmener… Fais quelques pas, avec moi, dans cette forêt…

Viens voir l’écureuil curieux qui pointe le bout de son nez, reniflant le sel de tes larmes versées… N’aie pas peur de pleurer. Ici, chaque secret est bien gardé…
Les miens ? Oh, si tu savais… il sont sous chaque racine, chaque feuille et chaque rocher… Bien à l’abri des regards indiscrets.

Regarde ! Un corbeau plane au-dessus de nos têtes… Entends-tu le frémissement de ses ailes ? Il part vers le nord, suivons-le !

Comme une cathédrale de vert et de feuilles, les arbres, de toute leur grandeur nous accueillent… Leurs branches tendent très haut vers le Ciel, pour que notre regard s’élève un peu et qu’au travers de leur ramure traverse la lumière. La sens-tu réchauffer ton cœur ?

Continuons à marcher… Le sentier est abîmé. Autant que ta vie, je le sais… Tu trébuches, c’est douloureux… Mais je suis là, prends appui sur moi.

Ça va ?

Reposons-nous sur ce rocher. Touche, de ta paume, ses aspérités… Le temps, lui non plus, ne l’a pas épargné… Il en a essuyé des tempêtes, il en a vu passer des tragédies… Et pourtant, il n’a jamais cessé de se dresser fièrement… Digne et vaillant, dans l’obscurité de la nuit ou sous le soleil éclatant !

Allez, ne restons pas là, allons jusqu’à la rivière, un peu plus bas…
L’entends-tu chanter ? Elle te murmure quelques mots doux pour te réconforter. Que te dit-elle ? Je crois qu’elle a envie que nous approchions. N’as-tu pas soif de Beauté ?
De mes doigts et de mon cœur, je plonge ma main dans l’eau et l’amène jusqu’à ton visage perlé de sueur… Marcher, ça fatigue, encore plus quand on s’égare et qu’on erre sans jamais le trouver, autour du bonheur…

Avec douceur, mes doigts dessinent une croix sur ton front, en guise de protection.

Oh, regarde le chevreuil qui s’abreuve… Lentement, il lève la tête, il est aux aguets, nous l’avons effrayé. Comme lui, tu as peur… Ça aussi, je le sais.

Traversons la rivière, j’ai quelque chose à te montrer…

Nous sortons de l’eau, lavés et purifiés… Sur la rive nous attend un tapis d’herbe fraîche, sens-tu la terre sous tes pieds ? N’y a-t-il pas chose plus simple pour te sentir Vivant et regonfler ton cœur de volonté ?

Étendons-nous là, laissons le beau temps nous sécher… Regardons passer les nuages et démêlons tes pensées…

Vois-tu ce beau paysage ?
Sa beauté me rend heureuse… La vie, elle aussi est comme ça… Comme cette forêt, elle abrite du beau et du laid, des recoins sombres et des sous-bois fleuris, des cerfs gracieux et les plus viles araignées, des herbes minuscules et des arbres somptueux…
C’est cet ensemble qui en fait l’harmonie, et si tu la voyais comme je la Vois, si tu te voyais, comme je te Vois, alors toi aussi, entièrement, tu t’aimerais…

Il est maintenant temps de rentrer…

Sur ton visage, un sourire léger. Dans ta poitrine, l’envie de respirer.

Demain, d’autres larmes couleront, d’autres chagrins seront à égrener, mais, maintenant, tu le sais… Il existe en toi, ce chemin de paix, dans la forêt. Et si tu as besoin, je serai là pour t’aider à le retrouver…